L’Algérie en livres
- Khalida Messaoudi, Une Algérienne debout, entretiens avec Elisabeth Schemla, éditions Flammarion, 213 pages, 90 F.
Itinéraire d’une combattante, témoignage partisan et passionné, Khalida nous parle d’elle et à travers elle de toute une génération d’intellectuels de l’après-colonialisme, génération d’assassinés. Enseignante, elle nous fait comprendre la dégradation inexorable du système scolaire à travers la décision de Boumediene d’adopter l’arabe classique comme langue d’enseignement, alors que la population parle l’arabe dialectal, le français ou le berbère et que les élites sont surtout formées en français. Elle décrit aussi combien il est difficile d’intégrer dans son schéma politique les modifications inquiétantes d’une situation, on veut toujours croire que cela n’est pas si grave. Evidemment, nous aimerions lui poser des questions plus précises sur le mouvement féministe, sur les débats qui l’ont traversé, ou sur certains de ses choix politiques comme sa participation au Conseil consultatif national mis en place par le pouvoir.
Beaucoup d’entre nous ont dû déjà lire ce livre, nous ne saurions trop le conseiller aux autres. A travers lui, Khalida lance un appel à la lutte et donc un cri d’espoir même si, comme elle le dit, la voie politique vers un état laïque, pluriculturel, est longue à trouver.
- Fériel Assima, Une femme à Alger, Chronique du désastre, éditions Arlea, 95 F.
Récits sur la violence quotidienne, la violence des islamistes, de l’armée, la violence contre les femmes, emmenées, violées, assassinées et aussi témoignage sur la peur. Pour Fériel c’est tout un peuple qui se réveillera un jour en quête des absents, ces centaines d’innocents morts un jour d’avoir écrit ou d’avoir simplement existé. Un livre pour nous faire comprendre ce que les Algériens et les Algériennes endurent et combien notre aide peut leur être precieuse.
- Andrée Dore-Audibert, Des Françaises d’Algérie dans la guerre de libération, éditions Karthala, 1995.
L’auteure a rassemblé dans ce livre des interviews de ces « oubliées de l’histoire » que sont les Françaises d’Algérie, celles venues de France pour y exercer leur profession (infirmières, institutrices,...) ou celles d’origine française, italienne, espagnole ou maltaise, ou berbères judéaïsées (françaises par le décret Crémieux). De la prise de conscience du fait colonial à la lutte pour l’indépendance, leur parcours a été jalonné de tortures, de clandestinité, de souffrances pour une cause qui leur est apparue juste : l’indépendance de l’Algérie.
Le coup de foudre interdit par la loi
Une dangereuse première vient d’être inaugurée par la justice francaise le 12 octobre dernier : condamner, au nom des lois Pasqua, une jeune femme dont le seul crime est d’être amoureuse.
Pour avoir voulu épouser un Congolais en situation irrégulière, une jeune femme vient d’être condamnée à trois mois de prison avec sursis. Son compagnon, lui, a écopé de trois mois de prison ferme et de trois ans d’interdiction du territoire francais. Le procureur avait en effet engagé des poursuites, après que le maire de Châtillon, où ils avaient déposé un dossier de mariage, eut alerté le parquet. Il a été reproché à Sylvia Bruez, par le substitut du procureur, de pratiquer « une sorte de rébellion ouverte », une forme de délinquance sourde » qui « menace la démocratie dans ses fondements ».
Nous ne pourrions qu’en rire si cela n’avait des conséquences si dramatiques pour Sylvia et son compagnon et tant d’autres personnes. Tout mariage mixte désormais est soupçonné d’être un mariage blanc et devient condamnable, d’après les lois Pasqua. On en arrive ainsi une négation totale des droits des personnes.
« Quand les lesbiennes se font du cinéma »
Pour la septième fois, le festival « Quand les lesbiennes se font du cinéma » aura lieu du 26 au 30 octobre 1995 à l’Espace culturel André Malraux, 2, place Victor-Hugo, Métro Kremlin-Bicêtre. Tél. : (1) 48 70 77 11.
Signalons, entre autres, des documentaires sur Cuba, la Palestine, le Chili... Et, toujours à la pointe de l’actualité, le festival propose une dizaine de films sur les grosses avec un débat sur le « gène de l’obésité ».
Rectificatif
Dans notre précédent numéro, nous avions omis de signaler que le dessin illustrant le dossier sur les femmes et le sport était extrait du livre de Maureen Lister Questo terzo sesso che non è un sesso, publié à Rome, aux éditions CLI. Toutes nos excuses à cette dessinatrice pleine d’humour.